La Lekkarod avec Valérie Maumon : le mushing du cœur
Participer à la course de chiens de traîneaux de la Lekkarod c’est revivre les sensations de la première compétition par étapes au monde. Dans une ambiance familiale, les mushers et leur attelage partagent une semaine riche en émotions. L’agence YLG est allée à la rencontre de Valérie Maumon, amoureuse des grands espaces, des sports de glisse, mais par-dessus tout de sa meute, pour découvrir l’univers d’une musher à l’écoute de ses animaux.
Valérie Maumon, pouvez-vous nous dire comment vous êtes devenue musher ?
Je vis dans les Alpes. Les sports d’hiver, les paysages infinis et les animaux ont toujours fait partie de mon quotidien. J’en ai besoin pour m’épanouir.
Mon premier rêve était d’avoir un husky, car ce chien symbolise pour moi la nature libre. Nous en avons adopté deux avec mon mari pour faire de la randonnée, du ski et du traîneau. J’ai découvert que la combinaison nature, glisse et chien représente le trio gagnant pour moi.
Je me suis donc renseignée spécifiquement sur le mushing auprès d’Isabelle Travadon, éleveuse en Laponie. Elle m’a expliqué que nos chiens n’étaient pas taillés pour la course, mais davantage pour les expositions. Elle m’a orientée vers sa lignée de travail plus adaptée à la compétition, les huskies de Sibérie race pure.
Aux deux premiers chiens, c’est alors ajouté un troisième. J’ai constaté immédiatement que ce dernier était effectivement fait pour courir et tracter. Mon aventure de musher a commencé ainsi. Nous en avons adopté un autre, puis un autre, avant d’avoir des portées et de finalement compter 14 chiens à la maison !
Comment se passe le quotidien d’un musher et l’entraînement d’une meute ?
La saison débute en septembre. Au-dessus de 13 °C, les chiens souffrent de la chaleur, alors nous montons vers les sommets pour 4 entraînements par semaine. Nous courons au fil de la saison de 15 à 35 km, d’abord en quad puis à traîneau quand la neige arrive.
Mi-janvier, les compétitions commencent. Être musher, c’est comme être manager en entreprise, il faut coacher ses chiens et rester à l’écoute de leurs besoins pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.
Avec mon attelage de 6 chiens, nous participons à des courses à étapes depuis une dizaine d’année. Garder le groupe intact et en parfaite forme physique est un véritable challenge, d’autant que mes chiens font partie des plus anciens du haut de leurs 11 ans. Cela ne nous a pas empêchés de remporter le trophée Chamrousse et d’arriver second à Bessans pour la 7e édition de la Lekkarod !
De mars à septembre, c’est une période de repos avec des activités types canicross, randonnée, course à pied et des promenades en liberté. Je profite de ces moments pour apporter encore plus d’attention à mes chiens.
Quel est votre secret pour garder vos chiens dans une aussi bonne forme physique ?
Je crois que lâcher prise est indispensable pour gagner une course. Avec une meute de chiens unique, l’émulation de groupe permet d’atteindre un état de motivation et une envie de se dépasser incroyable. Nous formons une équipe forte et unie.
Si je rencontre une difficulté pendant une course, je préfère laisser l’animal se reposer et partir avec un effectif réduit. J’ai confiance en mes chiens et nous nous adaptons toujours. Leur bien-être reste ma priorité et cela nous réussit depuis toutes ces années.
Nous n’avons jamais abandonné aucune course : 6 chiens et 9 jours d’étape, sinon rien.
Quels sont les avantages à être une femme lors d’une course de chiens de traîneaux ?
Le mushing est un univers non genré. Il n’y a pas de distinction entre homme et femme. D’un point de vue physique, une femme a plus de difficultés à arrêter une meute, c’est indéniable, mais nous avons une autre force.
Sans faire de généralité, une femme présente une plus grande sensibilité et une approche maternelle envers sa meute. Je suis constamment à l’écoute de mes chiens.
J’ai aussi transmis mon amour des chiens à mes enfants qui ont grandi dans cet univers. Le mushing reste ma passion, mais toute la famille y participe de près ou de loin. Mon mari, Xavier, réalise toutes les photos et la mise en image de nos courses. C’est sa passion à lui. Nous formons une véritable meute familiale !
Comment s’est passée la course de chiens de traîneau de Lekkarod ?
Nous n’avons jamais raté une édition de la Lekkarod ! C’est une course emblématique, car chaque étape demande des aptitudes physiques bien différentes. Elle nécessite que les chiens soient entraînés pour tous les types de terrain.
Avec un attelage unique, les animaux doivent rester au top de leur forme pour enchaîner les jours de course. Les périodes de récupération sont essentielles avec une alimentation parfaitement équilibrée et des soins adaptés comme des massages.
J’apprécie cette course, car l’ambiance y est familiale. Tout le monde se connaît et nous aimons nous retrouver chaque année. Je suis dans mon élément, mes chiens aussi et cela se ressent sur nos performances